Titre de l’intervention : L’enfant et le corps parlant

Résumé : Les questions relatives à la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent font de longue date l’objet d’intenses débats et controverses au niveau international. En France, la culture des soins psychiques fondée sur les principes d’universalité, de solidarité, de sectorisation et la mise en synergie d’une pluralité de pratiques et d’acteurs a progressivement cédé la place aux conceptions biomédicales, standardisées et gestionnaires de la souffrance de l’enfant. Les conséquences de ces choix paradigmatiques et politiques sont aujourd’hui manifestes : augmentation de la détresse des enfants et des familles, difficultés d’accès au soin, mise à mal systématique des dispositifs institutionnels et des équipes professionnelles, difficultés de recrutement et de formation dans les métiers du soin, de l’éducation et du social…

Partant d’un état des lieux des recherches les plus récentes dédiées au Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), nous pointerons les apories de la clinique DSM et des approches orientées par la psychiatrie biologique, pour discuter des questions vives et des enjeux contemporains pour la psychanalyse, sa pratique, son éthique, et sa place dans le concert contemporain des discours et des savoirs. 

Nous nous appuierons notamment sur le concept de « corps parlant » et sur les enseignements de la clinique déployée auprès des enfants diagnostiqués TDAH pour discuter de l’efficacité des approches psychodynamiques et cliniques, soutenir la diversité des pratiques thérapeutiques, pédagogiques, et le libre choix du mode de soin pour les familles et les professionnels. Cet horizon interroge les politiques publiques dédiées à l’enfance ces vingt dernières années. Il ne concerne pas seulement les psychanalystes, mais touche l’ensemble du champ social et les fondements même de notre démocratie.