Titre en co-intervention avec Stéphane SARAZIN : L’accompagnement des enseignants accueillant des élèves aux comportements troublés et troublants : point de vue nécessairement décalé d’un pédagogue – formateur

Résumé :« L’action du Psychologue de l‘Éducation Nationale vise au bien-être psychologique et à la socialisation de l’enfant et des adolescents. » Cette phrase tirée de l’argumentaire de ce congrès est d’autant plus intéressante si on la confronte aux visées de l’enseignant. Ce dernier, lui, vise bien évidemment l’acquisition de connaissances et compétences en référence au fameux programme.
Pour autant, il ne saurait se soustraire à l’objectif de socialisation – quand bien même il le voudrait ou le revendiquerait – d’abord parce que c’est une des vocations avouées de l’Éducation Nationale. Mais parce que, de fait, il exerce avec et face à un groupe, celui des élèves.
L’enseignant vise-t-il aussi le bien-être psychologique de ses élèves ? Sans doute pas de façon première. Mais pourtant nombre d’entre eux ont cette visée. A un journaliste qui demandait à Daniel Pennac comment, en tant que professeur, il abordait la question de l’autorité avait répondu : « je me pose la question du bien-être ».
Aujourd’hui ce qu’avaient empiriquement constatés les grands pédagogues ou les cliniciens d’hier se voit désormais validé par les neurosciences : on apprend d’autant mieux qu’on le fait dans un espace favorisant le bien-être.
Nous faisons partie de ces enseignants qui ont visé délibérément ce bien-être. Par nécessité, comme bon nombre de pédagogues pour qui nombre de réflexions, lectures ou expérimentations dans la classe – ce que certains nomment une praxis- n’ont vues le jour que dans le but ultime de mieux réussir à enseigner.
Par nécessité d’autant plus grande que nous étions en face d’élèves, rassemblés-là, dans notre classe, du fait de leurs comportements qui, comme leurs cris, transpiraient le mal-être. Par nécessité puis par conviction ensuite.
Aujourd’hui, responsables pédagogiques en DITEP, formateurs, chargé de mission pour l’école inclusive pour ma part, nous n’avons plus d’élèves en difficultés psychologiques au quotidien devant nous.
Désormais notre rôle est de permettre aux autres enseignants, spécialisés ou non, de remplir au mieux leurs missions auprès de ces mêmes élèves. Notre travail est un travail de lutte pour le bien-être et donc contre la souffrance. Celle d’un enfant d’abord qui ne manquera pas d’en engendrer d’autres chez les enseignants essayant de lui enseigner, parfois coûte que coûte.
Stéphane proposera une approche éthologique des émotions, afin de bien identifier leur fonction et la mise en jeu corporelle. Il évoquera notamment la colère et comment l’extérioriser puis la réguler de manière socialisée. Il pourra faire un focus sur « la peur sans solution » et comment amener un jeune enfant à se sécuriser de ses peurs afin qu’il s’apaise psychiquement et ainsi dans sa relation à l’autre.
Pour ma part, à travers mon intervention, je partagerai avec vous les contours, enjeux, questionnements et spécificités de ces accompagnements d’enseignants qui par bien des aspects ont à voir avec celui des psychologues de l’Éducation Nationale. Mais en décalage. Dans des fonctions bien différentes, dans des cadres institutionnels variés, et des modalités de travail en perpétuelle évolution. Dans cet environnement actuel et lui aussi très mouvant qu’est celui de l’École Inclusive.